mardi 26 avril 2011

ISAM



Joie dans nos coeurs ! ISAM, huitième album studio d'Amon Tobin, est arrivé plus tôt que prévu. Joie modérée, puisque ce changement de planning est dû au leak de l'album, suite à l'envoi des copies promotionnelles à la presse. On se souvient que Foley Room, le précédent album, avait subi le même sort, et s'était retrouvé sur le net trois mois et demi avant la date officielle, ce qui avait conduit à l'annulation de la version 5.1 de l'album...

Mais venons en plutôt à ce qui nous intéresse : la musique ! Ceux qui me connaissent savent que je suis un très gros fan d'Amon Tobin, et pensent probablement que je vais de fait manquer d'objectivité... Et pourtant, je suis plutôt déçu par ISAM, mais il se pourrait que cette déception viennent effectivement d'un manque d'objectivité.
Revenons un peu en arrière, et intéressons nous au processus utilisé par le musicien pour créer sa musique, et son évolution au fil des années. De ses débuts jusqu'à Out from Out Where, les tracks étaient construites à 100% à base de samples, provenant pour la plupart du jazz, de bandes originales de films, de films eux mêmes, et étaient découpés, réarrangés, transformés afin de les "mettre dans un contexte différent" pour reprendre les mots d'Amon Tobin lui même.
Avec Chaos Theory, le processus a très légèrement été modifié. Au lieu de sampler, des musiciens (de jazz pour la plupart), et ont été enregistrés par Amon Tobin. Le reste du processus est le même, seul la source est différente.
Les sonorités, le style et la pâte étaient sensiblement similaires, mais s'affinaient pour être plus précis.
Vient ensuite Foley Room, qui découle directement du travail sur Chaos Theory. Amon ayant découvert les "foley artists" (qui fabriquent les bruitages d'un film, ou d'un jeu dans ce cas) d'Ubi Soft, il décide de partir autour du monde à la recherche de sons à utiliser comme source pour sa musique. Un tigre, une moto, des abeilles, une brosse à dents électriques et milles autres sons viennent se mêler à des violons, du piano, et d'autres instruments conventionnels. Il s'agit toujours de transformer des sons, pour les mettre dans un contexte différent, et les influences cinématographiques d'Amon s'entendent plus que jamais sur cet album.

Nous en arrivons à ISAM. Ici, le processus a quelque peu changé. Il ne s'agit plus de changer le contexte des sons, mais bien d'en fabriquer de nouveaux, de "créer quelque chose qui n'est pas réel", à partir, encore une fois de sons enregistrés tels qu'une chaise qui grince, un ressort ou même sa propre voix.
Cet album est de ce fait très expérimental, et très différent de ses précédents. Il n'est pas mauvais, il est - de mon point de vue - moins bon que les précédents. On ne retrouve pas toute les beats extrêmement élaborés et complexes qui étaient cher à Amon Tobin. La rythmique est quasi inexistante sur cet album. Les mélodies et la dimension cinématographique de Foley Room est ici quasi inexistante.
Goto 10 :

Quelques tracks (Night Swim, Mass & Spring, Goto 10) sont purement expérimentales, presque dépourvues de mélodie, et ne consiste qu'en des sons bizarres, qui ne ressemblent à rien de ce qu'on ai pu entendre auparavant. C'est précisément ce genre de tracks que j'ai détesté. Le reste est plus agréable, souvent léger.

Wooden Toy :

Pour la première fois, des vocaux viennent accompagner certaines tracks (Kitty Cat, Wooden Toy). Ces vocaux féminins très agréables sont en fait chantés par Amon lui même, mais sa voix est transformée, et méconnaissable.

Dropped from the sky :

Enfin, pour terminer sur une note positive, on retiendra quelques tracks excellentes, qui m'ont finalement conquis après plusieurs écoutes (Journeyman, Dropped from the sky, Lost & Found), on y retrouve quelques éléments qui ont fait la qualité des précédents albums d'Amon : des mélodies envoûtantes, une précision et une qualité dans le son qui ne se retrouve chez aucun autre artiste, une ambiance sombre et mystérieuse... Bref, elles sauvent la baraque.

Morning Ms Candis :

N'oublions pas non plus les deux tracks bonus (Morning Ms Candis, One Last Look) qui sont elles aussi du bon côté de la balance.

Reste à voir le résultat en live, dans un live show qui s'annonce exceptionnel : un show audiovisuel avec une structure entourant le public et la scène. Il n'en fallait pas moins pour les premières prestations live d'Amon Tobin, qui n'a jamais fait que des DJ Sets dans sa carrière.

Montreal 01/06/2011
Berlin 09/06/2011
Bruxelles 10/06/2011
Paris 11/06/2011
Londres 17/06/2011

ISAM by Amon Tobin

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